Virginie Lemoine parle sport avec le Boulevard Romand"

24heures.ch

publié le vendredi 24 janvier 2020


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La metteure en scène revisite l’histoire des JO dans un spectacle créé sur mesure pour la troupe : « Spiridon Superstar » à voir au Pré-aux-Moines et en tournée.

Cossonay, jeudi 15 janvier, jour de répétition. Derrière le rideau, sur la scène du Théâtre Pré-aux-Moines, les six Amis du Boulevard Romand, accoutrés de shorts de sport colorés et de longues chaussettes, courent un marathon en cercle, au rythme des époumonées du commentateur.

De vendredi à dimanche, la brochette de comédiens y donne le coup d’envoi de sa nouvelle comédie, « Spiridon Superstar », qui conte avec humour l’histoire des Jeux olympiques.

Et de son premier champion du marathon, le Grec Spyrídon Loúis, qu’ils emmèneront en tournée romande tout l’hiver.

Assise dans la salle, Virginie Lemoine, vêtue du même accoutrement, regarde la scène avec attention. La « vedette » de la pièce, c’est elle.La comédienne-humoriste et femme de théâtre – connue du grand public d’abord pour son duo avec Laurent Gerra au milieu des années 90 puis ses nombreuses apparitions dans les émissions de Laurent Ruquier – se contente de regarder courir ses camarades.

Ce n’est pas pour se reposer sur ses lauriers car en plus de faire partie du casting, c’est elle qui cosigne l’écriture et la mise en scène du spectacle, avec son acolyte Laury Andre.

« Je suis le travail du Boulevard Romand depuis des années et j’en suis fan », lâche la metteure en scène lors d’un dîner convivial avec l’intégralité de la troupe. Elle fréquente certains de ses membres depuis plus de vingt ans.

« Une réunion amicale »

C’est d’ailleurs lors d’un repas amical que la Franco-Suisse de 58 ans, habituée de la région, a proposé à Pierre Aucaigne, Vincent Kohler, Antony Mettler, Anne-France Tardiveau et Jacques Vassy de leur écrire une pièce sur mesure. « L’expérience de Virginie amène un côté très pro et améliore la qualité de notre théâtre », se réjouit Antony Mettler, l’un des noyaux durs du Boulevard Romand. La fine équipe ne s’en cache pas, le « nom » de la metteure en scène sur l’affiche comporte également un potentiel commercial supplémentaire sur la tournée. Et attise l’intérêt des théâtres. « C’est forcément bénéfique. Mais nous ne cherchons pas à tout prix à avoir une vedette, précise Pierre Aucaigne qui a toutefois souvent partagé la scène avec une autre star du petit écran, la Romande Maria Mettral. C’est avant tout une réunion amicale et une collaboration artistique. »

Il ne manquait plus que le thème. Et contre toute attente, les Jeux olympiques de la jeunesse 2020 qui viennent de s’achever à Lausanne sont un heureux hasard de calendrier. Car ce qui a poussé Virginie Lemoine à parler sport, c’est un coup de cœur pour le roman « Spiridon Superstar » de l’écrivain français Philippe Jaenada. « Lorsque je l’ai entendu parler à la radio, j’ai éclaté de rire. Jaenada est tellement drôle. Je me suis précipitée pour acheter son bouquin. Il y a un regard critique, satirique et acerbe sur les Jeux olympiques. Et l’histoire vraie de ce marathonien est un conte de fées. » À 22 ans, Spyrídon Loúis était un livreur d’eau qui effectuait son service militaire à Athènes. Par d’étonnantes circonstances, il se retrouve inscrit au marathon des Jeux olympiques d’été de 1896. Et le remporte contre toute attente, devenant le premier champion olympique de l’épreuve et un véritable héros national.

« Un hommage au théâtre économe »

Pour amener leur sujet, Virginie Lemoine et Laury Andre trompent les spectateurs. Au commencement de la pièce, les comédiens font d’abord croire à un spectacle sur les chansons cultes des années 70. Mais le plateau est vide, le producteur fauché et les décors absents. La troupe doit occuper le public coûte que coûte. Et, puisque les JO de la jeunesse font l’actualité, la conversation tombe très vite sur les Jeux olympiques. L’idée jaillit, les comédiens font semblant d’improviser avec les moyens du bord.

« Un hommage volontaire au théâtre économe », selon Virginie Lemoine : « Je trouve ce type de comédie très noble. Il faut être intelligent et astucieux pour faire quelque chose de grand avec trois fois rien. On doit créer un univers qui repose beaucoup sur le jeu des comédiens. C’était un défi parfait pour le Boulevard Romand. Je savais de quoi ils étaient capables. » Dans les coulisses du Théâtre Pré-aux-Moines, perruques et faux nez côtoient pistolets à eau et costumes pailletés. Là, une tronçonneuse, ici une couronne de galette des Rois. Pas beaucoup plus. « On pose quand même le décor des JO avec une échelle et une malle ! Détourner les objets fait appel à notre enfance. On a tous été un shérif avec un carton sur la tête et une banane pour revolver. »

Depuis maintenant douze ans, les Amis du Boulevard Romand défendent le rire sur les planches pour redorer le blason d’un genre souvent décrié par la profession. Une démarche dans laquelle se retrouve Virginie Lemoine, qui s’est orientée très tôt vers la comédie. « Il n’y a rien de plus difficile que de faire rire. Il faut parler un langage que tout le monde comprend et il y a une sanction immédiate. Soit le public rit et c’est tant mieux, soit il ne rit pas et ça peut vite devenir horrible. Je ne sais pas pourquoi la comédie est depuis toujours considérée comme un art mineur, facile et idiot. Personnellement, malgré cette injustice, je ne me suis jamais préoccupée de cela. Je fais ce que j’aime sans prêter attention à ce que la presse ou les professionnels de la culture en disent. Le public, lui, est toujours au rendez-vous. » Si succès il y a en Romandie, la troupe envisage d’ailleurs, pour la première fois, de s’en aller à la conquête des théâtres français. Et rêve déjà d’une seconde collaboration avec Virginie Lemoine. Pour du « grand » théâtre économe, cette fois-ci. « Pourquoi pas en adaptant du Molière », s’amuse-t-elle.


Source 24heures.ch

A NOTER

Récit et photo d’Alexandre Caporal
Photo de Jean-Paul Guinnard