Un défi nommé « Oscar »

Arcinfo

publié le jeudi 31 janvier 2019


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Le théâtre de Colombier se remplit à toute vitesse, et Beausobre, à Morges, affiche complet. Partout, « Oscar », la nouvelle comédie des Amis du Boulevard romand, suscite un véritable raz-de-marée. Pourtant, la troupe peine à se faire programmer dans les saisons théâtrales. En cause, l’image désuète qui colle à ce genre de spectacles. Pour en parler, trois orfèvres du genre, les comédiens Pierre Aucaigne, Vincent Kohler et Maria Mettral.

L’HÉRITAGE « OSCAR » IMMORTALISÉ PAR DE FUNÈS

Après « Mission Florimont », spectacle burlesque contemporain présenté la saison dernière, la compagnie des Amis du Boulevard Romand revient à un classique du vaudeville : « Oscar », pièce de Claude Magnier, créée en 1958 par Pierre Mondy, Jean-Paul Belmondo et Maria Pacôme.
Reprise par Louis de Funès en 1959, la pièce connaîtra un des plus grands succès de l’histoire du théâtre ; même carton pour son adaptation au cinéma par Edouard Molinaro avec l’inénarrable de Funès, flanqué de Claude Rich et Claude Gensac.
En 1991, Hollywood l’adapte sous le titre « L’embrouille est dans le sac » avec Silvester Stallone. En 2000, Bernard Tapie, lui, en fait un remake théâtral de son cru plus ou moins réussi.

1.LES HÉRITIERS VERSION 2019

La joyeuse équipe du Boulevard Romand relève le gant avec Antony Mettler à la mise en scène. Avec sa bouille inimitable, Pierre Aucaigne endosse la robe de chambre du grand PDG Bertrand Barnier, incarné autrefois par Louis de Funès. Le Chaux-deFonnier Vincent Kohler, autre pilier du Boulevard romand, s’est trouvé un personnage à sa mesure avec Christian Martin, comptable doucereux qui entourloupe son patron dans la bonne humeur.
Maria Mettral campe une Madame Barnier complètement à côté de ses pompes de grande bourgeoise. Oscar, alias Jacques Vassy, le chauffeur jamais là quand il faut, ainsi que tous les autres, y vont de leurs numéros jubilatoires entre quiproquos et
rebondissements.

2.LE CHALLENGE : RYTHME, RIGUEUR ET PRÉCISION

« ‘Oscar’, c’est notre Madeleine de Proust à tous », glisse Maria Mettral, ravie de retrouver la grande famille du Boulevard romand. « Le film avec de Funès, Claude Rich et Claude Gensac fait partie de la mémoire collective ».
Un sacré challenge pour la troupe.
Vincent Kohler : « On pense que le boulevard est un art de la gaudriole, mais c’est très exigeant, il faut travailler ligne par ligne avec une grande précision, user de toutes les stratégies. Notre metteur en scène (réd : Antony Mettler, huitième pièce pour le Boulevard Romand) est très bon dans ce genre d’exercice. »
Au final, « c’est toujours une performance de troupe », rappelle Vincent Kohler. « Tout est dans le rythme, ce qui nécessite d’être complètement au diapason. »

3.CONFORMISTE, LE BOULEVARD ?

Le Boulevard romand a été fondé en 2008 dans la volonté de redorer le blason d’un genre théâtral souvent dénigré. Mission réussie en termes de succès populaire, plus
mitigée du côté des programmateurs de spectacles. Pierre Aucaigne : « Le boulevard véhicule encore une image désuète. Malgré un travail pointu, c’est difficile d’entrer dans la grille des saisons. »

Désuet, conformiste, le boulevard ?

« Le but est de divertir », répond Vincent Kohler. « Mais nous sortons aussi du répertoire traditionnel. Même si elles ne sont plus étiquetées ‘boulevard’, il y a
d’excellentes comédies contemporaines qui renouvellent le genre. »
A ce titre, en 2020, c’est Virginie Lemoine qui écrira une pièce sur mesure pour les Amis du Boulevard romand.

  • TEXTES CATHERINE.FAVRE @ARCINFO.CH
  • PHOTOS DAVID.MARCHON@ARCINFO.CH

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